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JNRNOUVELLEINFO
4 janvier 2006

LE REBUS A BON DOS - Ch 1 -

Avant le départ
Europole, c'est vendredi sur Lyon, la Saône coule grise, Fourvière, dont je peux voir une des tours sortir faiblement du brouillard rampant sur les quais de Rhone et Saône. Vivement le troisième fleuve ce soir avec les potes : le Beaujolais.
- Aït Ouali, tu peux venir ?

Mon chef m'appelle. Qu'est ce qu'il peut bien me vouloir à cette heure. Je vais encore prendre le périph en retard.

- Oui, chef, je ferme et j'arrive.

Le bureau de mon chef est juste à côté du mien en fait . Dans les bureaux d'Europole, où je suis arrivé il y a maintenant un an, toutes les sections sont installées autour d'un puits de lumière. C'est ce qu'a expliqué le grand manitou suédois quand j'ai été invité à visiter. Bien sûr le puits de lumière est souvent gris, il est mesquin de dire qu'à Lyon le temps est couvert. Ici il fait gris.
- Bon, chef qu'est ce que je peux pour vous en cette veille de fin de semaine si chargée ?

- Tu peux remplir une mission qui va faire de la publicité à notre division.
La division, celle de la criminalité organisée d'origine étrangère, c'est ici, nous y sommes, tout le monde descend.
Elle comporte en tout et pour tout dix personnes: le chef, les quatre clowns qui s'occupent des affaires criminelles dans les pays slaves, moi, qui m'occupe des criminels qui parlent toutes les langues possibles à l'est de la Méditerranée et les quatre secrétaires, assistantes, bonnes à tout faire, psychologues à leurs heures, qui elles, heureusement, parlent le français. Je suis fier de savoir que je dirige une section. La section appelée pompeusement « Criminalité Etrangère d'origine asiatique » .Nous sommes deux : Anja, mon hypocondriaque assistante polonaise et moi. En avant, la section.Quand il me parle de mission, je dois faire attention et rester laconique si je ne veux pas me retrouver à...
-Oui, Aït Ouali, c'est l'ambassade du Japon qui me demande si je peux te prêter sur une affaire que le Ministère de l'Intérieur japonais n'arrive pas à résoudre. Ils ont entendu dire qu'il y avait un flic français qui parle l'arabe et le japonais.

Il a souligné le « et ». Il fait bien. C'est pour ça que j'ai pu être séléctionné parmi mes collègues pour entrer à Europole, mon rêve depuis l'école de police de Bordeaux. Si toutes mes études en langue ne m'avaient servies à rien, je pouvais continuer à jouer les chasseurs de mômes dans l'Ariane, à Nice. Je parle et j'écris plusieurs langues européennes et asiatiques. Sans être une grosse tête en linguistique, ni en anthropologie, je suis capable de repérer à l'oreille un Chinois clandestin du Shanxi habillé comme un lord d'un  Vietnamien malpropre, propriétaire d'un restaurant chinois sur les Brotteaux qui ressemble à un péquenot juste sorti de sa cambrousse.
- Et l'ambassadeur de France au Japon a un service à rendre à ses amis japonais et la seule personne qui puisse le lui rendre c'est moi, exact ?
- Exact. C'est un  « mèl » comme signe le correspondant qui est  net, clair précis, tu dois être là bas lundi après midi au plus tard, tu as la semaine pour résoudre un rébus, c'est écrit en toutes lettres, et tu rentres. En plus tu es totalement, il a souligné et mis le mot en gras, pris en charge par notre très aimé Ministère des Affaires Etrangères. Ce qui veut dire que notre très pauvre organisation européenne peut se priver de tes services pendant une semaine, parce que si tu te souviens, tu n'es que détaché ici.
Comment il dit ça. Il a quelque chose à me reprocher.
- Avez vous quelque chose à me reprocher chef

- Non, du tout, le même M. Guillaudeau, celui qui écrit, ajoute que pendant la semaine que tu passes là bas, tu vas percevoir une indemnité compensatrice du préjudice subi pour absence de ton poste et percevoir un salaire de « cadre A + » international. Ce qui fait que si je calcule bien tu vas reçevoir...
- Chef, vous êtes mesquin. Est ce que je ne vais pas me fendre et vous ramener de quoi vous faire oublier cet affront, hein ? Comme la dernière fois quand  je suis allé en Chine ?
- Bien sûr, de là bas tu nous a ramené entre autres: deux cas sèveres de grippe aviaire, un tas de tracas à propos d'entrées clandestines auprès des délégations chinoises en Europe et l'annulation d'une commande Airbus par dessus le marché. Nous avoir offert à tous des vestes chinoises en soie ouatinée faites à partir des machines de Rhodia, fabriquées à Lyon dans la fin des années 40, qui ne savent sortir que de la rayonne, tu pouvais sans doute mieux faire.
- Ici, chef, même à Lyon, je suis spécialiste des langues asiatiques, pas expert en textile.
- Allez prenez  vos affaires, et alez y. Vous me raconterez. A tout hasard, je vous 'informe qu'il y a huit heures de décalage avec Lyon en ce moment. Essayez de vous en souvenir. J'aime dormir tranquille.
- Pas de "vous" entre nous chef, allons, bien sûr, chef, allez à lundi, chef.
Il apprécie toujours la politesse le chef. Qu'est ce qu'ils ont là-bas, un rébus ?


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