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JNRNOUVELLEINFO

14 janvier 2006

LE REBUS A BOND DOS - Ch 3 -

1er après midi -
- Je suis Monsieur Jean Michel Guillaudeau, chargé de mission à l'Ambassade de France au Japon auprès des forces de sécurité intérieures.  Etes vous M.Etes Ouali ?
Je vais être obligé de donner des cours de prononciation pendant tout mon séjour. Super le Japon!
- Oui, Monsieur Guillaudeau, je suis Monsieur Aït Ouali, pour vous servir.
- Ah pardonnez ma pronociation. Je n'avais personne au bureau capable de me donner un conseil là dessus. Comment s'est passée l'immigration ?
- C'est la première fois que je fais la queue pour faire tamponner mon passeport alors je n'ai pas d'éléments de comparaison. Autrement si on vous le demande je suis ici pour participer à un concours de mots fléchés. C'est ce que j'ai expliqué à la charmante jeune femme en tenue.
Il éclate de rire. Tout le monde se retourne. Il s'étouffe. C'est un brave garçon. Il est un peu guindé comme ça. La position à l'ambassade certainement.
- Est ce que vous étiez dans la police Monsieur Guillaudeau ?
- Pas exactement, dans la sécurité militaire. C' est ce qui plaît à nos collègues japonais. Je suis plus « ordonné » de leur point de vue qu'un « friku », un flic, français.
- Alors pouvez vous m'en dire un peu plus sur ce dossier de rébus. Que l'ambassade me fasse venir depuis Lyon pour résoudre un jeu de mots me semble dépasser les limites de l'humour français.
- Quand nous serons dans le TREX, le train express, je vous en raconte plus.
Installés dans un wagon très large et très long où  les sièges se font face, M. Guillaudeau commence à me donner des détails sur l'affaire. Le quartier général de la police sur Hamamatsucho a commencé de recevoir, il y a trois semaines des colis. Ils contenaient des morceaux de peau du dos d'une personne de sexe masculin. Ces morceaux sont décorés de très beaux tatouages et de caractères japonais qui sont incompréhensibles. Après analyse des deux morceaux reçus à une semaine d'intervalle, le service scientifique a pu confirmer que la personne à laquelle ils appartenaient est un blanc, enfin un type « européen caucasien », avec peut être des ancêtres d'origine arabe. J'ai un frisson. Ca ressemble à mes origines. Français pur sucre, avec du sang arabe par mon grand père paternel et kabyle par ma grand mère maternelle : un huitième d'Afrique du Nord, pour le reste d'Europe du Nord et du Sud. Comment font ils les scientifiques ?
- Comment est ce qu'ils sont arrivés à retrouver tout ça ?
- Monsieur Aït Ouali, est ce que vous avez un prénom ? Ce sera plus facile pour moi.
- Oui, je m'appelle Mohamed Robert, toutefois par dérision et aussi parce qu'ils sont nombreux ceux qui ont du mal à retenir tout ça, appelez moi Bob, ça fait plus flic.
- Bon, Bob, les Japonais ont un défaut qui fait leur qualité: ils sont casse-pied de méticulosité et sont capables sans problèmes de retrouver une aiguille dans une botte de foin si, vous leur fournissez la qualité de l'acier de l'aiguille, et la date de ramassage du foin. Donc s'ils disent que le dos de la personne en question est d'origine européenne avec des ancêtres arabes, je les crois.
- Alors qu'est ce que je viens faire dans cette histoire, ils ont déjà tout trouvé.
- Non, ils savent ça uniquement. Européen et Arabe, ça peut vouloir dire harki, beur, et aussi anglo-irakien, italo-lybien ou hispano-marocain et j'en passe. Alors quand ils ont découvert des caractères arabes sur la peau qui étaient là avant le joli tatouage que vous allez voir, ils ne sont pas allés plus loin. Ils ont cherché à qui s'adresser. Comme je suis bien avec le chef de la police criminelle à Hamamatsucho, j'ai tout de suite proposé que nous leur prêtions un spécialiste, et vous voilà.
- Merci, merci, c'est aussi mon chef qui vous remercie pour les frais, le salaire et tout ça.
- Oh vous savez en fait nous ne déboursons rien.
- Humm ?
- Non ce sont nos amis japonais qui paient et comme il n'y a pas de petits bénéfices avec eux, nous avons ajouté votre salaire. En fait une partie reviendra à mon service, bien sûr.
- Vous expliquerez ça à mon chef.
Je jette un oeil au dehors et là surprise, il y a des champs avec des tracteurs et des moulins hollandais et même des Hollandaises en tenue typique.
- Ne vous étonnez pas Bob, les Hollandais étaient ici les premiers au Japon. C'est d'ailleurs pour ça que leur adjectif « étrange » ressemble à la prononciation de « Hollande ».
- Merci ça je savais. De là à reproduire la Hollande au nord de Tokyo.
- Le Japon est un immense parc d'attractions pour des visiteurs étrangers. Vous verrez.
En arrivant sur la ville,effectivement,  je voyais. Des immeubles de hauteur diffèrentes entouraient une charmante fermette en bois noir avec des tuiles bleues vernissées, des hôtels m'invitaient à venir dormir chez eux parce que la qualité de leur matelas et de leurs hôtesse de massage étaient sans égal, dans le soleil couchant une énorme crotte jaune brillait sur un diamant noir.
- Qu'est ce que c'est que cette énorme étron en or sur cet immeuble ?
- C'est de l'art moderne et c'est le symbole de la réussite de la plus grande société de brasserie au monde, Asahi, une bonne bière d'habitude. Les Tokyoïtes l'ont appelé comme vous "the big one".
Le train filait maintenant. Dans une succession de tunnels éclairés par intermittence de quais de couleur jaune baignés de lumière verte et orangée, des chefs de quai en tenue bleue semblaient saluer en permanence notre train.
- Est ce qu'ils sont payés pour saluer le train ?
- Oui, ils saluent et en même temps ils vérifient que le train est à l'heure et passe sur la bonne voie.
- Hein, ils leur arrivent de se tromper de voie ?
- Oui, ici, Bob, les sociétés de chemin de fer sont toutes privées et les sociétés d'aiguillage et de rail aussi, alors parfois il peut y avoir des erreurs.
Le train ralentissait et une musique métallique d'ordinateur suivie d'une voie tout aussi métallique et féminine nous annonçait que nous allions arriver à la gare centrale de Tokyo.
- L'hôtel que je vous ai réservé se trouve à côté de la gare. C'est très calme et il y a un bon restaurant de cuisine française dans le sous sol. Est ce que vous avez faim ?
Oui j'avais faim et surtout sommeil.

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14 janvier 2006

LE REBUS A BON DOS - Ch 2 -

Le voyage.
J'ai eu le temps de prendre le dossier que le chef avait reçu. Il était arrivé un peu plus tard sur un système dont nos expert nous assurent qu'il est codé tellement serré que eux mêmes parfois ne s'y retrouvent pas. Dans ce dossier, sans rire, il est fait mention d'un rébus. Un rébus qui permettrait d'identifier une personne, il y est également fait mention de tatouages dont l'origine remonte au XIII° siècle. Et enfin d'une expertise qui démontrerait que le tatouage est superposé sur un autre. Le plus vieux tatouage serait en vieille langue arabe. Par contre ce qui n'est pas précisé c'est pourquoi c'est une affaire criminelle, à part les initiales officielles du dossier. Il doit y avoir quelque chose de plus dans cette histoire. En ce qui concerne mes relations sur place, M. Guillaudeau précise que c'est lui qui viendra me chercher à l'éaroport de Narita. Le vol qu'il m'a réservé est parti cet après midi d'un dimanche gris, pour s'élever au dessus des Alpes, qui sont, elles, blanches et ensoleillées sur un ciel si bleu que je sauterai dedans. Sans lyrisme, le même chargé de mission auprès des forces de sécurité japonaises de l'intérieur, c'est le nom officiel pour flics, m'informe que l'aéroport est situé à deux heures de Tokyo en voiture. Par commodité il prendra avec moi un train express. Je passerai à l'immigration comme tout un chacun et aucun passe droit ne m'est accordé. Je suis invité, c'est tout. Air France, que les pilotes de SWISSAIR ont appelé autrefois « Air Chance » : "parce que une fois tu arrives, une fois tu arrives pas". Essayez de le dire avec l'accent du Valais. Cette aimable compagnie m'a installé à l'étage de la classe affaire sur un Boeing 747 qui n'est plus tout jeune : la porte des toilettes ferme mal et l'hôtesse m'en a voulu quand elle m'a suprise en slip et que je ne lui ai pas souris sur le coup. Il doit y avoir de nouvelles règles sur les relations équipage et clients dans les avions français maintenant. Dans mon souvenir que ce soit avec Dutronc ou avec Belmondo, il se passe toujours quelque chose avec une hôtesse. Peut être est ce uniquement au retour ? Je me réveille dans une clarté de soleil que je ne connais pas. Il se lève. Et comme un fait exprès ses rayons s'étirent au dessus d'un ciel blanc. A s'y méprendre c'est le drapeau du Japon. La voix de l'hôtesse nous informe que nous amorçons notre descente sur Tokyo Narita. L'écran montre le paysage en dessous. Ce sont des maisons en bois noir fumé au milieu de ce qui sont peut être des rizières. Il y a un ruban gris-bleu fourni en voitures et camions de tous genres. C'est maintenant l'annonce en japonais. A mon avis à cette heure-ci de la journée plutôt que « Ho haio..; » et le reste, il vaut mieux utiliser « Kon bawa » ou peut être même « Konichiwa ». Bon je demanderai en arrivant. Leur aéroport est entouré de petites tours du Moyen Age avec des banderoles qui accusent la Municipalité de ne pas respecter ses engagements pour son extension. C'est rassurant, je suis dans un pays civilisé. Il suffit de se plaindre pour que des visiteurs se rendent compte que le pays vit en démocratie. Je suis dans la file interminable de ceux qui doivent présenter leur passeport. Il y au moins quatre ou cinq avions qui viennent d'arriver et comme nous sommes surtout des étrangers, nous nous suivons à la queue leu leu notre passeport à la main et trainant nos sacs. C'est silencieux. Les préposés âgés qui orientent ceux qui débouchent sur les comptoirs, rappellent à l'ordre les étrangers barbares qui n'ont pas compris que c'est le désordre qu'ils s'orientent tout seuls. L'officier de l'immigration me salue en français. Elle fronce les sourcils qu'elle a remarquablement fin, en lisant que je suis flic à Europol. Ca doit correspondre à quelque chose qu'elle a appris et dont elle ne souvient plus.
- Etes vous ici en congés, Monsieur Het Uoual
- Aïte Ou alih, mademoiselle.
Je lui répère deux fois. Elle me sourit un peu.
- Monsieur Aïteu Oualiheu, êtes vous ici en vacances ?
M. Guillaudeau n'avait pas d'instructions précises à me laisser sur ce que je devais dire.
- Oui, mademoiselle l'officier, je viens participer à un concours de mots fléchés en japonais.
Elle ouvre de grands yeux, secoue la tête.
- Vous ne devez pas vous moquer d'un officier de l'immigration, le savez vous ?
Je lui réponds en japonais et je m'excuse en lui redisant que j'ai été invité pour un concours de rébus. Je ne connais pas le mot en japonais, par contre je connais celui de mots fléchés, c'est pour ça que j'ai pris celui là. Elle tamponne mon passeport, y accroche le reçu qui donne la date prévue de mon départ et toujours secouant la tête fait signe au suivant d'approcher.

4 janvier 2006

LE REBUS A BON DOS - Ch 1 -

Avant le départ
Europole, c'est vendredi sur Lyon, la Saône coule grise, Fourvière, dont je peux voir une des tours sortir faiblement du brouillard rampant sur les quais de Rhone et Saône. Vivement le troisième fleuve ce soir avec les potes : le Beaujolais.
- Aït Ouali, tu peux venir ?

Mon chef m'appelle. Qu'est ce qu'il peut bien me vouloir à cette heure. Je vais encore prendre le périph en retard.

- Oui, chef, je ferme et j'arrive.

Le bureau de mon chef est juste à côté du mien en fait . Dans les bureaux d'Europole, où je suis arrivé il y a maintenant un an, toutes les sections sont installées autour d'un puits de lumière. C'est ce qu'a expliqué le grand manitou suédois quand j'ai été invité à visiter. Bien sûr le puits de lumière est souvent gris, il est mesquin de dire qu'à Lyon le temps est couvert. Ici il fait gris.
- Bon, chef qu'est ce que je peux pour vous en cette veille de fin de semaine si chargée ?

- Tu peux remplir une mission qui va faire de la publicité à notre division.
La division, celle de la criminalité organisée d'origine étrangère, c'est ici, nous y sommes, tout le monde descend.
Elle comporte en tout et pour tout dix personnes: le chef, les quatre clowns qui s'occupent des affaires criminelles dans les pays slaves, moi, qui m'occupe des criminels qui parlent toutes les langues possibles à l'est de la Méditerranée et les quatre secrétaires, assistantes, bonnes à tout faire, psychologues à leurs heures, qui elles, heureusement, parlent le français. Je suis fier de savoir que je dirige une section. La section appelée pompeusement « Criminalité Etrangère d'origine asiatique » .Nous sommes deux : Anja, mon hypocondriaque assistante polonaise et moi. En avant, la section.Quand il me parle de mission, je dois faire attention et rester laconique si je ne veux pas me retrouver à...
-Oui, Aït Ouali, c'est l'ambassade du Japon qui me demande si je peux te prêter sur une affaire que le Ministère de l'Intérieur japonais n'arrive pas à résoudre. Ils ont entendu dire qu'il y avait un flic français qui parle l'arabe et le japonais.

Il a souligné le « et ». Il fait bien. C'est pour ça que j'ai pu être séléctionné parmi mes collègues pour entrer à Europole, mon rêve depuis l'école de police de Bordeaux. Si toutes mes études en langue ne m'avaient servies à rien, je pouvais continuer à jouer les chasseurs de mômes dans l'Ariane, à Nice. Je parle et j'écris plusieurs langues européennes et asiatiques. Sans être une grosse tête en linguistique, ni en anthropologie, je suis capable de repérer à l'oreille un Chinois clandestin du Shanxi habillé comme un lord d'un  Vietnamien malpropre, propriétaire d'un restaurant chinois sur les Brotteaux qui ressemble à un péquenot juste sorti de sa cambrousse.
- Et l'ambassadeur de France au Japon a un service à rendre à ses amis japonais et la seule personne qui puisse le lui rendre c'est moi, exact ?
- Exact. C'est un  « mèl » comme signe le correspondant qui est  net, clair précis, tu dois être là bas lundi après midi au plus tard, tu as la semaine pour résoudre un rébus, c'est écrit en toutes lettres, et tu rentres. En plus tu es totalement, il a souligné et mis le mot en gras, pris en charge par notre très aimé Ministère des Affaires Etrangères. Ce qui veut dire que notre très pauvre organisation européenne peut se priver de tes services pendant une semaine, parce que si tu te souviens, tu n'es que détaché ici.
Comment il dit ça. Il a quelque chose à me reprocher.
- Avez vous quelque chose à me reprocher chef

- Non, du tout, le même M. Guillaudeau, celui qui écrit, ajoute que pendant la semaine que tu passes là bas, tu vas percevoir une indemnité compensatrice du préjudice subi pour absence de ton poste et percevoir un salaire de « cadre A + » international. Ce qui fait que si je calcule bien tu vas reçevoir...
- Chef, vous êtes mesquin. Est ce que je ne vais pas me fendre et vous ramener de quoi vous faire oublier cet affront, hein ? Comme la dernière fois quand  je suis allé en Chine ?
- Bien sûr, de là bas tu nous a ramené entre autres: deux cas sèveres de grippe aviaire, un tas de tracas à propos d'entrées clandestines auprès des délégations chinoises en Europe et l'annulation d'une commande Airbus par dessus le marché. Nous avoir offert à tous des vestes chinoises en soie ouatinée faites à partir des machines de Rhodia, fabriquées à Lyon dans la fin des années 40, qui ne savent sortir que de la rayonne, tu pouvais sans doute mieux faire.
- Ici, chef, même à Lyon, je suis spécialiste des langues asiatiques, pas expert en textile.
- Allez prenez  vos affaires, et alez y. Vous me raconterez. A tout hasard, je vous 'informe qu'il y a huit heures de décalage avec Lyon en ce moment. Essayez de vous en souvenir. J'aime dormir tranquille.
- Pas de "vous" entre nous chef, allons, bien sûr, chef, allez à lundi, chef.
Il apprécie toujours la politesse le chef. Qu'est ce qu'ils ont là-bas, un rébus ?


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